En milieu soninké traditionnel de la Mauritanie, du Mali et du Sénégal, l’organisation familiale, qui est de fait héritée de celle de l’un des plus grands et plus anciens empires africains du Moyen âge (le Gana), est strictement bien respectée par tous les membres de la communauté. Cette organisation familiale, après celle du Diamane (pays ou empire) et du Deebé (village) jouait (joue) un rôle on ne peut plus capital dans l’équilibre de la communauté soninké. La famille chez les Soninké est le noyau autour duquel la société et ses membres trouvent leur équilibre. Elle est en quelque sorte le lieu où l’individu vient au monde, trouve un premier accueil, s’éduque, grandit et meurt. Dans cette organisation de la famille soninké le Kagumé (chef de famille) exerce presque seul toutes les fonctions de l’autorité. Dans un ouvrage collectif intitulé La Société soninké écrit par Eric Pollet et Grace Winter nous relevons : « l’organisation familiale soninké est régie par le principe patrilinéaire ». La constitution de la famille est de fait étroitement liée à la descendance, par les hommes, d’un ancêtre commun donné. Dans la plupart des cas, on parle de « couche commune » ou de « la lignée ».
La vie familiale des Soninké s’organise à la fois au sein du Ka (maison, demeure, concession) et d’un système de parenté qui constitue en quelque sorte le ciment maintenant la cohésion sociale voire familiale entre les membres d’une même famille. Selon Eric Pollet et Grace Winter., « le système de parenté est centré sur le Kâ, l’unité familiale où l’individu trouve à satisfaire ses besoins matériels et l’essentiel de ses besoins sociaux. Le village lui-même, l’unité politique, n’est en définitive à ces égards qu’un ensemble inorganisé du Kâ. » (page356). C'est dire combien, en milieu soninké, le Kâ joue un rôle non négligeable dans le système organisationnel du village. L’un, il est vrai, ne peut exister sans l’autre. Le village trouve son existence et son équilibre dans le bon fonctionnement des Kâ (pluriel de Kâ).
Naître et devenir --Anthropologie de la petite enfance en pays soninké (Mali)
Objet mais également sujet des relations qui se tissent au fil des jours, le petit enfant est dès sa naissance au centre de la vie sociale : allaité, nourri, porté, endormi, écouté, stimulé, lavé, façonné par sa mère et son entourage, il est considéré comme un partenaire à part entière des multiples échanges qui jalonnent sa journée
La parenté à plaisanterie ou kallengorahu en milieu soninké
La société soninké traditionnelle, à l’instar des sociétés africaines traditionnelles, s’organise autour d’un certain nombre des valeurs permettant aux différents membres qui la composent de vivre dans un climat harmonieux de distraction et de plaisanterie. Ces valeurs ou traditions constituent, malgré l’ouverture des jeunes soninké à la « modernité », le ciment maintenant les bases qui fondent l’héritage des Soninké dans un monde où tous les peuples, toutes les civilisations et toutes les cultures, sans exception, se cherchent une voie dans un univers où toutes les identités semblent être menacées par une mondialisation inquiétante qui remet en cause les particularités culturelles, artistiques et linguistiques. L’une des illustrations les plus parfaites de ces traditions en milieu soninké est le kallengorahu.
L'organisation sociale du travail agricole des Soninké (Dyahunu, Mali)
Les matériaux de cet article ont été recueillis au cours d’une mission sociologique du Centre National de la Recherche Scientifique et du Musée Royal de l’Afrique Centrale (Tervuren), effectuée dans le Dyahunu (Mali), en pays Soninké, de novembre 1964 à décembre 1965. La société Soninké, étudiée dans son ensemble, fera l’objet d’un ouvrage à paraître aux éditions de l’institut de sociologie (Bruxelles). Nous nous limitons ici à l’exposé d’un sujet particulier, l’organisation sociale –traditionnelle et actuelle – du travail agricole, sujet que, de son côté, nous destinons à un traitement systématique à partir de plusieurs types d’ethnies d’Afrique occidentale.
L'organisation socio-politique en milieu soninké
Les Soninké sont un peuple acquis, depuis très longtemps, au système de la hiérarchisation sociale qui met chaque membre de la communauté, chaque clan, chaque famille dans une place bien déterminée. Le respect de cette organisation hiérarchique en milieu soninké était (est) strictement rigoureux, malgré l’ouverture des Soninké au monde « moderne ». Dans cette réflexion, notre ambition n’est nullement de faire une étude exhaustive. Mais il s’agit, de fait, de donner une idée de la manière dont les Soninké s’organisaient (s’organisent) au quotidien. Dans cette étude, le temps ne nous permet pas d’entrer dans certains détails. Cependant, à la fin de notre analyse, nous donnerons quelques indications bibliographiques pouvant permettre, pour ceux et celles qui désirent aller un peu plus loin, d’approfondir leur connaissance.
La société soninké traditionnelle, à l’instar de toutes les sociétés africaines, est une société rigoureusement structurée autour des valeurs communes. Ces valeurs constituent la colonne vertébrale de la cohésion sociale. La vie sociale et politique, en milieu soninké traditionnel, s’organise, principalement, autour de trois personnes : le tunka (roi), le debegume (chef de village) et le kagume (de ka = demeure, maison, concession et de gume = chef).